Scandale des notes de frais : les justifications douteuses du maire PS du 18e arrondissement de Paris
Scandale des notes de frais : les justifications douteuses du maire PS du 18e arrondissement de Paris

Un ticket de pressing, trois pizzas, un coiffeur de Nouvel An. Les lignes budgétaires semblent banales, mais elles suffisent à enflammer la polémique autour d’Éric Lejoindre, maire socialiste du 18e arrondissement de Paris. Depuis quelques jours, les factures de l’élu s’accumulent dans les colonnes des journaux et alimentent l’idée d’un élu dépensant sans retenue l’argent public.

Près de 6 500 euros de pressing sur quatre ans, 1 250 euros pour deux déjeuners, des costumes Hugo Boss à plus de 800 euros pièce, autant de chiffres qui, placés bout à bout, dressent le portrait d’un élu dont la gestion des notes de frais interroge. L’affaire tombe au plus mauvais moment : dans la foulée des révélations visant Anne Hidalgo, les projecteurs se braquent désormais sur ses proches collaborateurs et les maires d’arrondissement.

Accusé de légèreté dans l’usage de son enveloppe, Lejoindre n’a pas tardé à contre-attaquer. Il accuse la droite parisienne d’orchestrer une diversion pour détourner l’attention des procédures judiciaires visant Rachida Dati. « Je n’ai rien à cacher », martèle-t-il, évoquant une cabale montée de toutes pièces. Selon lui, chaque dépense a été validée dans les règles et ne saurait être assimilée à une dérive personnelle.

Mais certains détails alimentent la controverse. Des factures de coiffure, jusqu’au pourboire inclus, sont passées en frais de mandat. Une coupe de 30 euros avec 5 euros de pourboire a particulièrement retenu l’attention des opposants. Plus surprenant encore, une note de pizza commandée pour ses enfants aurait elle aussi été réglée par la mairie. Pour ses détracteurs, ces pratiques relèvent d’un abus manifeste de l’argent des contribuables.

Lejoindre avait déjà été épinglé en 2023 pour ses achats vestimentaires financés sur son enveloppe. À l’époque, il s’était défendu en expliquant qu’un maire avait autant besoin d’une tenue de travail que d’un bureau ou d’un ordinateur. « Rien d’immoral », avait-il alors tranché, estimant que la démocratie française était assez mûre pour juger ces dépenses sans voyeurisme.

Au-delà de la polémique locale, l’affaire soulève une question plus large : celle de la transparence et du contrôle des frais de mandat des élus municipaux. Si les règles existent, elles paraissent parfois floues, laissant place à des interprétations larges et à des pratiques hétérogènes. Dans un contexte où chaque euro dépensé par les collectivités est scruté, la frontière entre dépenses professionnelles et dépenses personnelles reste fragile.

À Paris, l’affaire Lejoindre illustre la fragilité politique des élus pris dans le tourbillon médiatique. Entre dépenses banales devenues symboles de dérive et batailles d’interprétations, l’élu socialiste joue désormais une partie délicate : défendre son intégrité tout en affrontant une tempête politique où chaque ticket de caisse devient une pièce à conviction.