"Vous allez être jugée pour corruption": Anne Hidalgo répond à Rachida Dati sur les notes de frais
Duel à l’Hôtel de Ville: Hidalgo riposte à Dati dans une joute verbale sous haute tension

Le ton est monté dès les premières minutes au Conseil de Paris. Rachida Dati, droite et cinglante, attaque frontalement la maire de la capitale. Elle dénonce, voix assurée, un « train de vie indécent » au moment où la polémique enfle autour des notes de frais des élus. Dix mille euros de pressing et de repas familiaux pour un maire d’arrondissement : la charge est directe, calibrée pour marquer les esprits. En face, Anne Hidalgo encaisse, puis réplique avec la même intensité. Le duel se joue autant sur la scène politique que sur celle de l’opinion publique.

Sans détour, la maire de Paris rejette les accusations. « Le discours du tous pourris ne passe plus », lâche-t-elle, rappelant que les frais de représentation ont justement pour rôle d’éviter les dérives privées. Le sous-entendu est clair : mieux vaut un cadre légal qu’un financement dissimulé. Son ton se durcit : « Je vous mets au défi, Madame Dati, de vivre avec les 4.400 euros nets d’indemnité mensuelle de la maire de Paris. » Le Conseil se tend, la salle bruisse. L’échange vire à la confrontation politique pure.

Puis vient la phrase qui claque comme un coup de tonnerre : « Puisque vous allez être jugée pour corruption en septembre 2026. Le 16 septembre. » Silence pesant. Rachida Dati ne bronche pas, mais le message est passé : Hidalgo contre-attaque sur le terrain judiciaire. Une manière de rappeler que la ministre démissionnaire de la Culture, aujourd’hui en campagne pour les municipales, traîne elle aussi un dossier judiciaire qui l’expose.

Quelques jours plus tôt, Anne Hidalgo avait déjà porté plainte pour dénonciations calomnieuses, après la diffusion de ses propres dépenses de représentation : environ 75.000 euros sur quatre ans, un chiffre important mais conforme au plafond autorisé par la loi, selon la mairie. « Tout a été fait dans le respect du cadre légal », martèle son entourage. La municipalité précise même que la maire n’a jamais dépassé l’enveloppe annuelle d’environ 20.000 euros.

Face à elle, Rachida Dati joue une autre carte : celle de la vertu républicaine. Elle affirme n’avoir jamais utilisé ses propres frais de représentation dans le 7e arrondissement. Le contraste est net, la mise en scène efficace : l’une défend la légitimité institutionnelle de ses dépenses, l’autre revendique la sobriété personnelle.

Au-delà des chiffres et des invectives, l’épisode révèle un affrontement plus profond : celui de deux visions du pouvoir municipal. D’un côté, Hidalgo, l’élue socialiste, se pose en gardienne du fonctionnement démocratique face à la suspicion généralisée. De l’autre, Dati, la candidate en quête de reconquête, incarne le discours de la rupture morale. Chacune cherche à s’imposer comme l’alternative à la défiance qui mine la politique parisienne.

Dans cette bataille où les mots pèsent autant que les faits, les deux femmes tracent les contours d’une campagne municipale qui s’annonce brutale. Les Parisiens, eux, assistent à une scène où la transparence et la morale deviennent des armes politiques. Entre accusations de corruption, dépenses contestées et joutes verbales millimétrées, Paris n’a pas fini de vibrer au rythme des échanges entre Anne Hidalgo et Rachida Dati.