La neige tombe encore, lourde et silencieuse, sur les tentes effondrées de la vallée de Karma. Là-haut, à près de 5.000 mètres d’altitude, les cris d’appel au secours se perdent dans le vent. Depuis trois jours, la montagne a refermé son piège sur des centaines d’alpinistes venus défier les cimes tibétaines du mont Everest. Ce week-end, une tempête d’une rare violence a balayé le plateau du Qinghai, transformant l’expédition en cauchemar.
Les secours, mobilisés dès l’aube de samedi, ont déjà évacué plus de 350 personnes, mais environ 200 grimpeurs restent encore bloqués dans les hauteurs. Les images partagées depuis les campements d’altitude témoignent d’une situation d’urgence absolue : tentes ensevelies, sentiers effacés, yacks paralysés par la neige, températures en chute libre. Dans ce décor devenu hostile, les heures s’étirent et l’espoir vacille.
Les conditions météorologiques ont surpris tout le monde. Habituellement plus clément à cette période, le versant tibétain attire de nombreux randonneurs, souvent amateurs, séduits par un itinéraire réputé plus accessible. Mais cette fois, la montagne a rappelé qu’elle reste imprévisible, même pour les plus expérimentés. Un randonneur a déjà perdu la vie, victime du froid extrême et du mal d’altitude.
Feifei, originaire de Jiangsu, raconte avoir creusé à mains nues pour dégager sa tente avant de s’effondrer d’épuisement. Elle a fini par atteindre un poste de secours après deux jours d’errance. Son témoignage, relayé par les médias chinois, résume la détresse partagée par des dizaines de marcheurs désormais livrés à eux-mêmes. Certains, en file indienne, ont tenté de redescendre malgré le risque d’avalanches. D’autres, trop faibles, attendent encore qu’un hélicoptère parvienne à percer la tempête.
Les autorités chinoises ont dépêché des équipes de secours d’urgence, épaulées par l’armée, pour stabiliser la situation. Mais les vents violents rendent les opérations aériennes quasi impossibles. Les sauveteurs avancent lentement, à pied, parfois en transportant du matériel sur leur dos. Chaque minute compte : le froid intense et la raréfaction de l’oxygène menacent désormais les survivants.
Pendant ce temps, sur le versant népalais, les pluies diluviennes continuent de frapper le pays. Des inondations et glissements de terrain ont déjà coûté la vie à près de soixante-dix personnes, notamment dans la vallée de Katmandou. La région himalayenne, pourtant habituée aux extrêmes, semble désormais dépassée par la violence de cette saison.
Sur le mont Everest, les survivants ne voient plus la cime, seulement un mur blanc et sans horizon. Leur rêve de conquête s’est mué en lutte pour la survie. Et en bas, dans les postes de secours, les secouristes s’accrochent à une seule conviction : il faut continuer à monter, encore et encore, tant qu’il reste une chance.






