On lui retire par erreur le col de l'utérus : l'hôpital décide de la dédommager à hauteur de...
Erreur médicale à Bâle : une femme privée de son col de l’utérus par confusion d’échantillons

L’aube venait à peine de se lever sur Bâle lorsque Sarah Miesch a pris place dans la salle d’opération, convaincue de devoir affronter une épreuve nécessaire. Quelques heures plus tard, elle se réveillait avec une partie de son col de l’utérus en moins. Elle ignorait encore que cette chirurgie, censée la protéger d’un cancer, n’aurait jamais dû avoir lieu.

Les médecins s’étaient trompés de dossier. Une simple inversion d’échantillons dans un laboratoire, deux noms confondus, un protocole mal vérifié. L’erreur, presque administrative, a suffi à bouleverser la vie d’une jeune femme en bonne santé. L’hôpital universitaire de Bâle a reconnu la faute, mais l’ampleur du préjudice dépasse la seule responsabilité technique. L’acte est irréversible : l’ablation partielle du col utérin expose désormais Sarah à des risques accrus de complications lors d’une grossesse, notamment des accouchements prématurés.

Le pire, selon la jeune femme, n’est pas seulement la douleur physique, mais la froideur du traitement qui a suivi. L’établissement, conscient de son erreur, a transmis le dossier à son assurance. Celle-ci a proposé une compensation de 1 000 euros, somme dérisoire pour une mutilation médicale injustifiée. Sarah a refusé, dénonçant une “insulte à la dignité”. Après réévaluation, l’assurance a fini par offrir 4 000 euros supplémentaires et la prise en charge des frais d’un éventuel accouchement prématuré. Trop tard pour effacer la colère, trop peu pour apaiser la peur.

Le cas de Sarah n’est pas isolé. Dans les hôpitaux européens, les erreurs médicales liées à des confusions d’échantillons, de dossiers ou d’identités représentent une part croissante des incidents recensés. Derrière les chiffres, il y a des vies bouleversées, des femmes et des hommes confrontés à des diagnostics erronés, des traitements inadaptés, des opérations injustifiées. En Suisse, le débat sur la responsabilité médicale s’intensifie, notamment autour de la question du consentement éclairé et du suivi psychologique des victimes d’erreurs chirurgicales.

Dans cette affaire, la transparence de l’hôpital a été saluée, mais elle ne suffit pas à masquer la légèreté du geste. À travers la voix de Sarah, c’est toute une réflexion sur la valeur du corps humain face à l’administration médicale qui s’impose. Combien vaut une partie de soi perdue sans raison ? Peut-on réduire la souffrance morale à une somme d’assurance ?

Aujourd’hui, la jeune femme tente de reconstruire son quotidien, consciente que son avenir maternel dépendra d’une opération qu’elle n’aurait jamais dû subir. Son combat dépasse le simple cadre judiciaire : il questionne le rapport de confiance entre les patients et l’institution hospitalière. Dans un monde où la médecine se veut de plus en plus précise, la moindre erreur humaine reste, tragiquement, la plus lourde de conséquences.