Faut-il interdire le gaz hilarant ? l'Occitanie parmi les régions les plus touchées par le phénomène
Faut-il interdire le gaz hilarant ? l'Occitanie parmi les régions les plus touchées par le phénomène

Le protoxyde d’azote est un gaz employé dans le domaine médical pour son action analgésiante. Également utilisé et commercialisé comme gaz propulseur dans les cartouches pour siphons à chantilly, il est accessible à tous librement sur internet et dans le commerce. L’inhalation du protoxyde d’azote, aussi appelé « gaz hilarant » en raison de son effet euphorisant, n’est pas sans risque, des atteintes neurologiques sévères pouvant en résulter. Ces dernières années, une augmentation du nombre d’intoxications, notamment chez les jeunes, a été enregistrée. Avant que cette pratique ne se développe encore davantage, l’Agence recommande de renforcer la réglementation des cartouches pour siphons à chantilly et d’améliorer l’information des plus jeunes et des professionnels sur les risques neurologiques que son usage peut provoquer.

Le protoxyde d’azote, communément appelé « gaz hilarant » ou « proto », est un gaz incolore, d’odeur et de saveur légèrement sucrées. Employé dans le champ médical pour son action analgésiante, c’est son usage comme gaz propulseur dans des siphons permettant de fabriquer sa crème chantilly, et la commercialisation en magasin et sur internet de recharges de cartouches de gaz qui ont permis son accès au grand public.

Inhalation du protoxyde d’azote : une pratique provoquant des intoxications parfois graves

La pratique de l’inhalation du protoxyde d’azote à des fins récréatives s’est rapidement répandue, en particulier chez les jeunes, du fait de son effet euphorisant. Elle n’est pourtant pas sans risque comme le démontre l’étude de toxicovigilance conduite par l’Anses, sur la base des données des Centres antipoison (CAP).

Ainsi, entre le 1er janvier 2017 et le 31 décembre 2019, 66 intoxications au protoxyde d’azote ont été enregistrées par les CAP. Il s’agissait en majorité de jeunes hommes. Plus de la moitié des usagers avaient entre 20 et 25 ans. Les régions Hauts-de-France, Île-de-France et Occitanie sont les plus concernées par ces intoxications. Le type de protoxyde d’azote consommé était du protoxyde d’azote non médical, contenu dans des cartouches à usage alimentaire, disponibles en vente libre, et inhalé via des ballons. Les personnes avaient déclaré avoir pris de quelques cartouches en une soirée (avec souvent de l’alcool ou d’autres drogues) à des centaines par jour, pendant plusieurs mois pour certains.

Sur les 66 cas, 42 signalaient au moins un symptôme neurologique ou neuromusculaire tel que des paresthésies, des tremblements des extrémités ou des douleurs musculaires. Quatre personnes qui avaient une consommation chronique souffraient de symptômes évoquant une atteinte des nerfs des membres. Dans cette étude, 5 personnes ont présenté des symptômes de gravité forte. Un des patients avait fait un arrêt cardio-respiratoire avec découverte d’une pathologie cardiaque lors de son hospitalisation. Deux autres avaient présenté des épisodes de convulsions, avec pour l’un, un coma et des myoclonies (contractions musculaires rapides involontaires). Enfin, les deux derniers patients avaient consommé du protoxyde d’azote de façon chronique (dizaine à quarantaine de cartouches par jour) et présentaient des symptômes neurologiques.

Réglementer l’accès et l’étiquetage du protoxyde d’azote dans les contenants alimentaires

Si la réglementation relative aux médicaments ou aux stupéfiants s’applique pour son usage médical, l’usage alimentaire du protoxyde d’azote comme gaz de compression pour les siphons à chantilly est autorisé comme auxiliaire technologique et additif alimentaire. Cette réglementation ne prend pas en compte les dérives d’utilisation de ces produits.

L’Agence souligne donc le besoin de réglementer l’accès et l’étiquetage du protoxyde d’azote pour son usage alimentaire. Cette réflexion doit s’inscrire dans la continuité du projet de loi adopté en décembre 2019 par le Sénat, visant à protéger les mineurs des usages dangereux du protoxyde d’azote en limitant les volumes de vente, en interdisant sa vente aux mineurs et en proposant un étiquetage spécifique.

En France, à l’heure actuelle, des arrêtés municipaux ont été pris afin d’interdire la vente de protoxyde d’azote aux mineurs et la consommation dans les lieux publics.

Améliorer l’information des consommateurs et des professionnels de la jeunesse et de la santé pour prévenir les risques sanitaires

Compte tenu de la libre vente au public et de la brièveté des effets, les utilisateurs perçoivent ce détournement d’usage comme inoffensif et anodin et n’ont pas connaissance et/ou conscience des risques graves encourus.

Aussi, l’Agence recommande d’améliorer l’information sur les dangers avérés de l’inhalation de protoxyde d’azote auprès des jeunes consommateurs : par le biais des infirmières ou médecins scolaires, par les associations intervenant dans les établissements scolaires et universités, et par une communication ciblée dans les lieux de fêtes. Ce renforcement devrait également concerner les professionnels de santé (pédiatres, généralistes, psychologues, pédopsychiatres, neurologues, médecin du travail, sociétés savantes…).

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