Le 24 avril 2025, un témoignage poignant d’Hélène Perlant, la fille de François Bayrou, a secoué l’antenne de France Inter. Invitée par Nicolas Demorand, elle a raconté avec émotion les violences subies dans l’établissement catholique de Notre-Dame de Bétharram, un témoignage qu’elle partage également dans le livre « Le silence de Bétharram », écrit par Alain Esquerre. Cette œuvre est le fruit de la collaboration entre Esquerre, ancien élève du même établissement et lanceur d’alerte, et la journaliste Clémence Badault. Ensemble, ils ont donné une voix aux victimes du silence longtemps maintenu autour des abus qui s’y sont produits.
Hélène Perlant, après avoir longtemps gardé le silence, a pris la décision de rejoindre le collectif des victimes à la suite des premières dénonciations. Ce collectif, mené par Alain Esquerre, a pour objectif de briser le mutisme qui entourait ces faits depuis trop d’années. Dans le livre, Hélène raconte ses propres souffrances, non seulement physiques, mais aussi émotionnelles et psychologiques, qu’elle a endurées sous les yeux de nombreux témoins, dont certains étaient des adultes responsables, et même des élus locaux.
Mais lors de son passage à France Inter, un terme a fait débat : celui d’“omerta”, évoqué par Nicolas Demorand pour qualifier l’absence de réactions face aux violences subies par les élèves de l’établissement. Hélène Perlant a rejeté cette appellation, soulignant qu’un secret que tout le monde connaît et cache sous silence ne correspondait pas à ce qu’elle avait vécu. Pour elle, les abus dont elle a été victime étaient connus de plusieurs personnes autour d’elle, qui se sont contentées de détourner le regard, de rester silencieuses, voire de devenir complices par leur inertie. “Ce n’est pas l’omerta, car l’omerta implique que tout le monde sait, mais tout le monde tait. Dans mon cas, ce n’était pas un secret”, a-t-elle réagi avec force.
Dans ce témoignage intense, Hélène évoque des souvenirs marquants, notamment ceux des regards des témoins. Ceux-ci, souvent vides et fuyants, ont été pour elle une douleur supplémentaire. “Mon souvenir le plus frappant, ce sont les regards. Ce sont ces regards figés, comme des papillons morts, qui se posaient sur moi”, a-t-elle raconté, avant de préciser que ces regards étaient parfois ceux d’adultes influents, dont la position aurait dû les pousser à agir, mais qui n’ont rien fait.
Elle évoque également un souvenir particulièrement accablant, celui où, victime de cette violence psychologique, elle s’est retrouvée à perdre tout contrôle de son corps. Un moment de vulnérabilité extrême, symbolisé par l’incapacité de se retenir. Ces blessures invisibles, infligées dans le silence et l’indifférence, ont marqué sa vie, et sa décision de briser le silence avec ce livre est un acte de révolte contre l’indifférence et l’inaction de ceux qui auraient pu l’aider.
Le témoignage d’Hélène Perlant, poignant et courageux, fait écho à un sujet trop longtemps occulté. Son livre est désormais un outil de lutte pour la vérité et la reconnaissance des souffrances infligées à de nombreuses victimes. Dans cette affaire, le terme « omerta » n’a plus sa place : il s’agit d’une volonté collective de regarder la vérité en face, même quand elle est difficile à accepter.