Didier Raoult épinglé par l'Agence nationale du médicament (détail)
Didier Raoult épinglé par l'Agence nationale du médicament (détail)

La bataille autour de l’hydroxychloroquine prescrit par le Professeur Didier Raoult contre le coronavirus pourrait se jouer devant les tribunaux. Un confrère du médecin marseillais aurait fait un signalement à la justice remettant en cause le cadre légal de ses recherches. L’Agence nationale du médicament (ANSM) a mené une enquête.

« Quand j’ai appelé l’Ordre pour savoir ce que l’on pouvait faire contre ce que faisait Raoult, on m’a répondu : soit un patient raconte son parcours directement à l’Ordre, soit un médecin dont un patient aurait pâti du traitement porte plainte », raconte ce médecin marseillais, « effaré ». Le Pr Raoult a la réputation d’avoir la rancune tenace pour ceux qui viendraient contredire ses aspirations. Et aucun patient n’a jusque-là porté plainte.

Fin avril, l’Ordre faisait néanmoins les gros yeux dans un communiqué affirmant avoir informé l’ANSM de « protocoles de recherche clinique illégaux et de prescriptions hors AMM non justifiées ». Sans citer l’IHU, ni le professeur Raoult qui avait, à cette époque-là, déjà révélé publiquement les résultats de plusieurs études sur 26, 80 et plus de 1 000 patients.

Le signalement porte sur les conditions de réalisation des études

Entre-temps, début avril, un médecin avait pris les devants en coulisse. Dominique Laurens, procureure de la République de Marseille, recevait un courrier de « signalement émanant d’un professionnel de santé, mettant en cause les conditions dans lesquelles avaient été menées deux études cliniques au sein de l’Institut Hospitalo-Universitaire ». Le lanceur d’alerte, dont l’identité n’a pas été révélée, y dénonce le non-respect des dispositions légales et réglementaires en vigueur, susceptibles de constituer des infractions pénales. La mousse médiatique n’ayant pas la valeur d’une affirmation judiciaire, le procès en décrédibilisation s’est déplacé sur un autre front.

Que reproche-t-on à l’IHU ? D’avoir fait passer une étude « interventionnelle » selon la loi pour une étude « observationnelle » qui ne répond pas au même cadre légal et aux mêmes autorisations. L’IHU avait bien obtenu une autorisation de l’ANSM pour mener le premier essai clinique sur l’hydroxychloroquine et l’azithromycine chez 26 patients infectés au Sras-cov 2. Autorisation qu’il n’aurait pas sollicitée pour les deux suivantes, estimant qu’elles relevaient de « l’observationnel ». Ces études qui comportent officiellement moins de risque, n’ont pas besoin de recevoir l’autorisation de l’ANSM, mais seulement de celle d’un comité de protection des personnes (CPP).

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