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Livret A : une règle oubliée qui revient tout changer

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Livret A : une règle oubliée qui revient tout changer

Le 1er octobre 2025 ne marquera pas seulement la baisse du taux du Livret A, déjà passé de 2,4 % à 1,7 %. Ce sera aussi la date d’application d’une mesure discrète mais lourde de conséquences pour des millions de Français. Une vieille directive européenne, restée lettre morte depuis plus de cinquante ans, interdit désormais les transferts d’argent directs entre deux livrets d’épargne. En clair : envoyer de l’argent depuis votre Livret A vers celui d’un proche sera bientôt impossible.

Le texte, datant de 1969, a refait surface sous l’impulsion de Bruxelles, dans le cadre du renforcement des dispositifs anti-blanchiment et de traçabilité des fonds. En théorie, il s’agit d’un ajustement technique, mais dans la pratique, ce changement pourrait bien désorganiser la routine de nombreux particuliers. Car pour des familles habituées à mettre de côté en famille ou à dépanner leurs enfants via un virement d’un livret à un autre, la nouvelle règle sonne comme un obstacle inattendu.

Dès l’automne, toute tentative de transfert d’un livret A vers un autre livret d’épargne, même au sein d’un même foyer, sera bloquée par les banques. Seul un passage par un compte courant sera autorisé. Un détail, pensent certains, mais qui modifie concrètement la manière de gérer ses économies. Pour ceux qui effectuent des virements automatiques, il faudra modifier manuellement chaque opération, sous peine de voir les transferts tout simplement rejetés.

Ce détour obligatoire aura aussi un coût invisible. Le calendrier des intérêts du Livret A, calculé par quinzaine, ne pardonne pas les décalages. Un virement mal programmé, effectué juste après une période de calcul, peut faire perdre jusqu’à quinze jours d’intérêts. Sur le long terme, ces micro-pertes pourraient s’accumuler et réduire la rentabilité déjà en baisse du placement préféré des Français.

Les banques, de leur côté, assurent que la mesure est avant tout une question de conformité européenne et de sécurité financière. L’objectif est clair : limiter les flux d’argent difficilement traçables entre comptes d’épargne. Mais pour les clients, la logique est moins évidente. Beaucoup découvrent qu’un geste aussi banal qu’un transfert entre conjoints ou parents peut désormais tomber sous le coup d’une interdiction administrative.

Certains établissements bancaires ont d’ailleurs commencé à prévenir leurs clients via des notifications discrètes dans leurs espaces en ligne. D’autres attendent encore les instructions précises de l’Autorité des marchés financiers. En attendant, la confusion domine, et les conseillers se préparent à un flot d’appels dès la mise en place effective de la mesure.

Ce changement intervient dans un contexte déjà tendu pour les épargnants. L’inflation grignote la valeur de l’argent mis de côté, les rendements chutent, et la confiance envers les placements traditionnels s’effrite. Pour beaucoup, le Livret A restait un refuge, un outil simple, sûr et flexible. Avec cette nouvelle restriction, il perd une partie de cette souplesse, transformant un placement de précaution en produit davantage contraint par la réglementation.

À court terme, le gouvernement ne prévoit pas d’aménagement spécifique, mais les associations de consommateurs alertent déjà sur le manque d’information. “Des milliers de Français risquent de voir leurs virements bloqués sans comprendre pourquoi”, résume un expert du secteur bancaire. La directive vise à mieux encadrer les flux financiers, mais elle pourrait bien créer un casse-tête administratif pour des épargnants de bonne foi.

En attendant, une seule solution s’impose : anticiper. Les détenteurs de Livret A devront adapter leurs habitudes, reparamétrer leurs virements automatiques et surveiller leurs dates d’opération. Une gymnastique bancaire imposée par une directive oubliée, revenue rappeler que dans le monde de la finance, même les règles les plus anciennes peuvent ressurgir pour changer le quotidien de tous.

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