Un ballon gratté dans son camp, une accélération fulgurante, une passe millimétrée qui change tout. Sur la pelouse de Montjuïc, c’est Nuno Mendes qui a déclenché la révolte du Paris Saint-Germain face au FC Barcelone, et personne ne semble contester qu’il ait été le joueur qui a pesé le plus lourd dans la victoire parisienne (2-1). L’image de ce couloir gauche conquis avec rage illustre bien plus qu’une simple prestation individuelle : elle raconte l’ascension d’un joueur qui s’impose désormais comme un patron européen.
Le duel annoncé avec Lamine Yamal, largement commenté avant le match, a tenu toutes ses promesses. Le prodige catalan, réputé insaisissable, a trouvé en Mendes un adversaire d’une solidité rare, capable de contenir ses dribbles sans renoncer à l’offensive. Défensivement discipliné, offensivement tranchant, le Portugais a incarné l’équilibre parfait entre prudence et audace. Sa passe décisive pour Senny Mayulu, juste avant la pause, a changé le scénario de la soirée et fait basculer l’élan psychologique du match.
Ce n’est pas la première fois que Mendes transforme un duel individuel en bascule collective. Sa campagne européenne 2024-2025 avait déjà marqué les esprits, avec des performances décisives contre Salah ou Saka. Hier encore, il a confirmé qu’il ne subissait plus ces rendez-vous, mais les dominait. Luis Enrique n’a d’ailleurs pas hésité à placer son latéral parmi les meilleurs du monde, au même rang que Hakimi côté droit. Une déclaration qui peut sembler flatteuse mais qui, au vu des faits, prend des allures d’évidence.
Le Barça, pourtant habitué à imposer son rythme et son pressing, a vacillé face à ces percées imprévisibles. Dès que Mendes a franchi une ligne, l’édifice défensif catalan a tremblé. Les observateurs y voient la preuve qu’un joueur peut, par sa seule intensité, modifier la structure d’un match européen. Pour Paris, c’est un signal fort : le PSG n’est plus seulement porté par ses attaquants stars, mais trouve dans ses latéraux des armes capables de déstabiliser les meilleures défenses.
Il reste une question ouverte : Mendes a-t-il franchi ce cap symbolique qui fait d’un talent précoce un cadre indiscutable du très haut niveau ? Les mots de Vincent Guérin, ancien milieu parisien, résonnent à ce sujet : « C’est typiquement l’action qui change un destin de match. Sans lui, Paris n’aurait pas abordé la seconde période avec la même sérénité. » Au fond, c’est sans doute cela qui marque les grands : ne pas seulement bien jouer, mais marquer le tempo d’un soir européen.
Sur le chemin du PSG, la route est encore longue avant de rêver à une nouvelle finale. Mais à Barcelone, le message était clair. Dans ce couloir gauche, Paris n’a plus seulement un jeune prometteur : il a trouvé un patron.
