
L’île de La Réunion est en proie à une épidémie de chikungunya d’une intensité préoccupante. Selon le dernier rapport de Santé publique France publié ce mercredi 23 avril, trois nouveaux décès ont été attribués à la maladie, portant à neuf le nombre de morts officiellement liés au virus depuis le début de l’année. Dans le même temps, neuf autres décès, dont celui d’un nourrisson, font encore l’objet d’investigations médicales approfondies.
Ce chiffre alarmant vient rappeler la gravité d’une crise sanitaire qui touche principalement les populations les plus vulnérables. Les autorités sanitaires précisent que les neuf victimes récemment recensées étaient toutes âgées de plus de 70 ans et présentaient des comorbidités lourdes, un facteur aggravant dans la progression du virus.
Une propagation massive du virus
Depuis janvier 2025, plus de 39 000 cas confirmés de chikungunya ont été enregistrés sur l’île. Parmi eux, 261 patients ont dû être hospitalisés pour une durée supérieure à 24 heures, signe que le virus peut entraîner des formes sévères, particulièrement chez les nourrissons et les personnes âgées. Près de 26 % des cas hospitalisés concernaient des enfants de moins de six mois, soulignent les épidémiologistes.
Par ailleurs, 47 cas graves nécessitant une admission en soins intensifs ont été rapportés, illustrant une nouvelle fois la virulence de cette vague épidémique.
Vers un ralentissement de la transmission ?
Malgré ces chiffres inquiétants, les données de surveillance révèlent un léger recul du nombre de nouvelles contaminations. Entre les semaines 15 et 16, les autorités ont recensé 4 304 nouveaux cas, contre 6 237 la semaine précédente. Une évolution que Santé publique France qualifie de « stabilisation à un niveau élevé de transmission », sans toutefois crier victoire.
Un virus connu, mais toujours redouté
Le chikungunya, virus tropical transmis par les piqûres du moustique tigre (Aedes albopictus), n’est pas nouveau à La Réunion. L’épidémie actuelle rappelle aux habitants de l’île les douloureux souvenirs de la flambée de 2005-2006. Bien que rarement mortel, le virus provoque des fièvres soudaines, des douleurs articulaires invalidantes, et peut entraîner une longue convalescence.
À ce jour, aucun traitement curatif spécifique n’existe pour cette maladie. Toutefois, une campagne de vaccination préventive a été lancée début avril, ciblant notamment les groupes à risque, comme les nourrissons, les personnes âgées et celles souffrant de pathologies chroniques.
Une situation suivie de près par les autorités
La situation est suffisamment préoccupante pour attirer l’attention des plus hautes sphères de l’État. En déplacement dans l’océan Indien, le président Emmanuel Macron a été informé de l’évolution de l’épidémie et pourrait, selon certaines sources, annoncer des mesures de soutien ou de prévention supplémentaires lors de son passage sur l’île.
En attendant, les autorités sanitaires appellent la population à redoubler de vigilance : élimination des eaux stagnantes, port de vêtements couvrants, utilisation de répulsifs… autant de gestes simples mais essentiels pour limiter la prolifération du moustique vecteur.
Une île sous tension sanitaire
Avec des hôpitaux déjà fortement sollicités et un personnel médical en alerte constante, La Réunion affronte une épreuve sanitaire qui met à l’épreuve sa résilience. Si la tendance à la baisse du nombre de cas se confirme dans les prochaines semaines, elle pourrait soulager quelque peu les soignants. Mais pour l’heure, l’heure est encore à la prudence, à la prévention, et à la solidarité collective.